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La pollution c’est démodé…

Le prêt-à-porter et son évolution perpétuelle poussent à consommer toujours plus, sans que l’on se rende compte que notre panier de vêtements pèse lourd au niveau écologique. 

Selon la Fondation Ellen MacArthur, la production des textiles en coton, ou en matières synthétiques produit 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre. L’industrie de la mode est l’une des plus polluantes avec l’industrie pétrolière et l’élevage. 

Les entreprises textile et leurs cocktails de produits chimiques, blanchissant corrosifs et colorants en tout genre ont fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps. 

En cette journée mondiale de l’environnement, Mary Nino, responsable des responsabilités sociales des entreprises pour l’école ESMOD, nous apporte son expertise sur le monde de la mode et son empreinte écologique. 

Elle lutte tous les jours pour que l’école se mette au vert, pour qu’elle soit « bonne citoyenne au niveau environnemental« . La mode pollue l’air, les terres, l’eau à cause de ces produits « synthétoxiques » comme elle les appelle. 

Végétarienne depuis ses 12ans, elle s’inspire de figures de l’écologie comme Rachel Carson, John Robbins et Francis Moore Lappé. « Ils ont aidé des millions de personnes à adopter des manières de vivre plus écologiques. » 

Son travail à ESMOD lui permet de lier la mode et ses convictions écologiques, un pari assez fou. Mary Nino a fréquenté un lycée Catholique où l’uniforme était de rigueur. Si pour elle l’uniforme permet de mettre tout le monde sur le même pied d’égalité au niveau social, il empêche d’exprimer sa personnalité. C’est pour cela qu’elle affirme haut et fort : « J’aime la mode. Elle me sert à m’exprimer à travers ce que je porte, les couleurs, les styles. De me sentir bien, me sentir forte. » 

Pour ESMOD elle assure le bien-être de ses élèves. Elle veille à la qualité de l’air, à ce qu’il y ait des produits écologiques jusque dans les peintures des murs de l’établissement. 

Son travail est en lien avec le comité de l’ONU pour la traçabilité des produits textiles et le cuir. Mary Nino alimente aussi le blog écolo de l’école parisienne ESMOD ACT à qui l’on doit les hashtags #fossilfashion #sortirlamodedupetrole. 

L’école ESMOD joue au bon élève au niveau environnemental et a réformé cette année son curriculum. Beaucoup des consultants de ESMOD » ont un pied dans la mode et un pied chez nous ». C’est beaucoup plus intéressant pour les étudiants d’apprendre avec des professionnels actifs dans l’industrie. Le premier Master de mode durable a été créé à ESMOD Berlin. Mary Nino souligne que c’est un bon début. « Mais nous ne voulons plus mettre la mode écolo dans une case, on veut que chaque élève soit expert dans ce domaine.  » Dès la première année que ce soit en stylisme et modélisme, chaque matière est apprise à travers le prisme écologique. Les étudiants calculent le prix de leur vêtement et leur prix écologique, le coût éthique. 

Tout au long de l’année, ils peuvent participer à des concours de mode écolos aux côtés de partenaires comme Red Carpet Green Dress.  

À la tête de cette association, son amie Suzy Amis-Cameron, la femme du réalisateur James Cameron. Plusieurs anciens de ESMOD ont donc confectionnés des robes écolos pour les actrices nominées aux Oscars et ont remporté des prix. 

ESMOD met en lumière des projets avec leurs partenaires et les sociétés pour promouvoir l’écologie que ce soit des entreprises de piscines ou d’automobiles 

Mary Nino l’affirme, « Aujourd’hui tout le monde veut travailler sur l’écologie« . Par exemple ESMOD Tokyo, la plus ancienne franchise a fait un partenariat avec Uniqlo : les élèves recyclent les vêtements pour en faire de vraies œuvres d’art, c’est ce qu’on appelle l’upcycling. A Lyon les élèves utilisent des filets de pêche collectés par les entreprises de pêche maritime. À ESMOD, « rien ne se perd tout se transforme » pour sauver la planète. 

L’industrie de la mode doit trouver des réponses aux questions éthiques et environnementales. La quantité de vêtements achetés dans l’Union européenne (UE) a augmenté de 40 % entre 1996 et 2012 selon l’Agence européenne pour l’environnement (EEA). 

Mais comment sortir de ce cercle vicieux de la fast fashion ? 

Pour la responsable RSE de ESMOD, il faut se tourner vers des matières durables. 

Par exemple, le coton biologique, les matières locales, les tissus biodégradables, comme le chanvre le lin, la laine, la soie. Elle préconise les vêtements échangés ou achetés en seconde main. Elle explique que ce mouvement prend de l’ampleur même pour les pièces de grands créateurs. 

En ce qui concerne l’éthique et les conditions de travail des fabricants, il faut améliorer la communication et la traçabilité des tissus dans les entreprises délocalisées. Elle souligne qu’avec le COVID 19, les marques de textile ont été obligées de revoir leur système de communication. Maintenant, tout se fait en ligne et cela permet d’avoir une meilleure traçabilité avec les entreprises à l’étranger. Avant c’était impossible, cela demandait de nombreux voyages en très peu de temps. 

Mary Nino pointe du doigt la responsabilité politique : « Nos gouvernements doivent trouver avec ces industries des issus de secours qui protégeront /créeront des emplois en s’adaptant aux connaissances actuelles, qui exigent que nous laissions cette « mode fossile » derrière nous. «  

Selon Mary Nino le plus important c’est l’éducation : « Il faudrait que les jeunes apprennent à s’habiller comme ils ont pris à manger 5 fruits et légumes par jour« . Ils pourront donc dire à leurs parents lors des achats « Je veux ce vêtement parce que son tissu est écologique« . 

 Mary Nino le revendique, le vert c’est tendance et ce n’est pas près de changer.