Où sont les hommes sages-femmes ?

Si donner la vie est le plus beau métier du monde pourquoi n’attire-t-il pas les hommes ? Les données sont criantes : seulement 2,7% des sages-femmes sont du genre masculin.  

En cette journée mondiale de la sage-femme, Alexandre Paigier nous explique son métier à travers le prisme d’un homme. 

Âgé de 32 ans, le praticien travaille actuellement à la clinique de la Muette dans le 16eme arrondissement de Paris. Son choix professionnel est « un concours de circonstances » révèle-t-il. Il a quitté ses études à l’Ecole des Hautes Études commerciales (HEC) pour faire médecine. Il figure fièrement parmi les 2,7% d’hommes sages-femmes. 

Selon Alexandre Paigier, le nom « sage-femme » lui-même est un frein pour créer des vocations chez ses confrères. « Ils peuvent se sentir moins adaptés ». Or le mot sage-femme” signifie “qui a la connaissance de la femme”. Donc le mot « femme », ici, représente la femme enceinte, et non pas le praticien comme on pourrait le penser.  

Le terme maïeuticien est quant à lui souvent utilisé pour désigner un praticien de genre masculin. Il signifie « la personne qui accouche ».  

C’est seulement en 1982 que la profession s’ouvre aux hommes. Cette année-là, une directive européenne interdit la discrimination sexuelle. 

Il est à souligner que le diplôme de sage-femme s’acquiert en cinq ans d’études, le tout pour un salaire très peu avantageux. Une tâche au tableau pour l’attractivité du métier. 

Comme on peut l’imaginer, Alexandre Paigier ne passe pas inaperçu dans son service :  

« Je suis le seul homme sage-femme de mon travail, et, peut-être même dans l’histoire de la clinique de la Muette » .  

Du long de ses sept ans de carrière, il confirme qu’il n’a « jamais eu de problème avec (ses) collègues femmes et jamais ressenti qu’il y en avait un. Je suis même chouchouté ». 

Le métier de sage-femme est « polyvalent » et ne s’arrête pas à l’accouchement. C’est un suivi en amont de la grossesse et poursuivit même au-delà de la naissance.  

Les sages-femmes exercent avec tout le corps médical : les auxiliaires de puériculture, les gynécologues, les médecins, les obstétriciens, les aides-soignantes.  

Le praticien précise que ses patientes sont déjà habituées à rencontrer des accoucheurs masculins, donc la venue d’un homme sage-femme n’est pas étonnante. Les maris quant à eux « sont souvent interloqués et ça permet souvent de lancer la discussion avec le couple ».  

Alexandre Paigier est convaincu, dans ce métier, « que l’on soit un homme ou une femme l’essentiel reste la communication ».